Il n’y a pas de meilleur moment pour bien préparer l’avenir d’une entreprise que lorsque les conditions du marché sont favorables. Plusieurs difficultés se présenteront en période de ralentissement et elles seront toutes importantes et pressantes. Les chefs des finances qui ont le souci de la trésorerie et qui font la promotion de la liquidité quand tout va bien dans le monde des affaires seront les mieux préparés pour faire survivre, voire prospérer leur entreprise quand la conjoncture est défavorable.
Les bonnes choses durent rarement longtemps
Au cours des dernières années, la situation économique a été indéniablement positive pour les entreprises. Les bourses nord-américaines ont connu une belle performance et la New York Stock Exchange vit le plus long marché haussier de son histoire. La faiblesse record des taux d’intérêt a aussi permis aux entreprises d’accéder à du capital à relativement bon marché pendant des années.
Alors que bon nombre de chefs d’entreprise ont consacré du temps à rehausser l’efficacité de leurs opérations, peu ont cherché à améliorer la gestion de leur fonds de roulement. Selon notre rapport mondial sur le fonds de roulement 2019-2020, les soldes des fonds de roulement ont augmenté de 360 G€, une hausse annuelle de 9,4 %. Pour plusieurs entreprises, l’immobilisation de leurs liquidités n’a pas été coûteuse en opportunités.
Mais plusieurs analystes rappellent que la conjoncture économique favorable ne durera pas indéfiniment. Des signes avant-coureurs qu’un ralentissement important pourrait se produire à court ou à moyen terme ont déjà été observés. Dans sa plus récente enquête sur la conjoncture économique, le Wall Street Journal a établi à 50 % la probabilité d’une récession en 2020. Les préoccupations suscitées à l’échelle internationale par les différends commerciaux et le protectionnisme alimentent également le pessimisme. En juillet 2019, la Banque du Canada a lancé une mise en garde indiquant que les tensions commerciales pourraient mettre un frein à la récente amélioration de l’économie canadienne.
Les entreprises qui négligent la gestion proactive de leurs liquidités pourraient soudainement se retrouver avec des problèmes de stabilité opérationnelle et de flux de trésorerie lorsque le marché commencera à chanceler. Une trop forte dépendance sur le crédit, la perte de contrôle sur les coûts de financement, la radiation d’une quantité croissante de stocks désuets et les mauvaises créances peuvent rapidement donner lieu à une crise. La réduction de vos coûts ne suffira pas à vous donner la résilience financière nécessaire pour résister aux fluctuations importantes, encore moins la possibilité de profiter des opportunités commerciales et d’acquisition uniques qui se présentent lorsque l’économie est volatile.
Se positionner pour le changement
De nos jours, les marchés financiers mondiaux de pointe peuvent changer de cap en un instant. Cependant, il faut souvent du temps aux composantes fondamentales du fonds de roulement pour s’ajuster, particulièrement pour produire des améliorations durables. Pour être efficace, un programme d’optimisation du fonds de roulement doit être intégré à tous les niveaux de l’organisation – dans les politiques d’entreprise de la haute direction comme dans les comportements du personnel de première ligne – en plus d’obtenir l’appui des clients et des fournisseurs.
Une telle approche exige des ressources et de la concentration, deux éléments plutôt rares en période de crise. De plus, les contreparties de la chaîne de valeur chercheront probablement à optimiser leur résultat et seront moins disposées à négocier les modalités de paiement, les stocks en consignation et d’autres solutions qui seraient plus facilement accessibles dans une conjoncture économique plus favorable.
Les chefs des finances devraient se pencher sur leur fonds de roulement pendant que le marché est encore dynamique. Ils pourront ainsi maximiser l’efficience de la gestion des liquidités au moment où ils ont accès à plus de ressources et d’options. En agissant dès maintenant, ils pourront mieux contrôler leurs liquidités, réduire leurs risques à long terme et être en meilleure position face à un ralentissement.
L’optimisation du fonds de roulement : par où commencer?
Les grands chefs d’entreprise savent que l’optimisation du fonds de roulement peut être utile à leur organisation, mais comprennent aussi qu’ils ont encore beaucoup à faire pour en tirer le plein potentiel. Notre récente enquête mondiale Creating Value Beyond the Deal (Perspectives canadiennes) a révélé que 83 % des vendeurs estimaient qu’il y avait encore de la place à l’amélioration.
En adoptant une approche programmatique à l’optimisation de leur fonds de roulement, les entreprises peuvent entreprendre des changements qui leur permettront d’améliorer de manière durable et intégrale leur position financière. Pour commencer, les dirigeants devraient envisager les activités suivantes :
- Faire du fonds de roulement une priorité de la direction
- Évaluer les opportunités potentielles dans l’organisation
- Déterminer et encourager des changements de culture
Faire du fonds de roulement une priorité de la direction
Le fonds de roulement devrait toujours compter parmi les priorités des chefs des finances et des autres dirigeants de l’entreprise, pas seulement en période de crise. Un fonds de roulement sain permettra à l’organisation d’être plus résiliente à long terme. En procédant systématiquement à la gestion de leur fonds de roulement, les dirigeants amélioreront avec le temps la situation de trésorerie de leur entreprise sans devoir prendre des mesures plus draconiennes.
Évaluer les opportunités potentielles dans l’organisation
Les dirigeants devraient se pencher sur tous les éléments fonctionnels ayant une incidence sur le fonds de roulement, de la chaîne d’approvisionnement à la gestion des stocks, en passant par la gestion des marchés et les comptes créditeurs et débiteurs. Une telle analyse des facteurs influant sur la gestion de la trésorerie les aidera à cerner les pratiques exemplaires, les lacunes et les points qui doivent être corrigés en priorité.
Déterminer et encourager des changements de culture
Il faut bien plus que de nouvelles politiques ou de nouveaux contrats pour que le fonds de roulement devienne une priorité dans une organisation : il faut un véritable changement de culture. Les chefs des finances devraient collaborer avec l’ensemble de l’équipe de direction en vue de définir la marche à suivre pour modifier la culture et les comportements dans leur organisation afin que les employés comprennent l’incidence de leurs activités quotidiennes sur la santé du fonds de roulement. Ils devraient aussi veiller à l’élaboration de la formation, du matériel de communication et des incitatifs appropriés pour permettre une telle transformation.
N’attendez pas la crise
Le fonds de roulement est la source de liquidités la moins chère qui soit pour une organisation. Les leaders doivent donc veiller à s’en servir efficacement. Mais l’optimisation de la trésorerie prend du temps et de la concentration, deux éléments qui manquent souvent lorsque la crise frappe. C’est pourquoi les chefs des finances ne doivent pas attendre pour faire une priorité de l’optimisation de leur fonds de roulement. Ils devraient commencer dès maintenant en adoptant des mesures générales à tous les échelons de l’organisation. Ils se trouveront ainsi dans une position plus stable face à un ralentissement et pourront ensuite en ressortir plus forts.